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Entre le 7 et le 20 mars, plus de 75 groupes universitaires sur six continents ont tenu leur septième Semaine annuelle contre l’apartheid israélien (SAI) (Israeli Apartheid Week - IAW).

Omar Barghouti , universitaire palestinien, a déclaré: "Notre heure Afrique du Sud est enfin arrivée".
"La version israélienne de l’apartheid est plus élaborée que celle d’Afrique du Sud » explique Barghouti dans le récent article "BDS: The Global Struggle for Palestinian Rights". « En Afrique du Sud, l'idée générale, c'était d’exploiter les Noirs, pas de les expulser ».

La véritable nature de la politique d'Israël envers les Palestiniens a poussé Pete Seeger, légende du folk, à s'exprimer. Seeger, 92 ans, participait au rassemblement virtuel "With Earth and Each Other" ("Avec la terre et les uns et les autres") de l'Institut Arava d'Israël, mais derrière Arava se cache le "Jewish National Fund", fondation responsable de la destruction de terres palestiniennes et de l'implantation de forêts pour dissimuler leurs crimes. Seeger réalise maintenant qu'Arava est, en fait, un instrument discret de "Rebrand Israel” ("changer l'image d'Israël").

"Maintenant que j'en sais davantage, je soutiens le mouvement BDS le plus possible", dit-il.
Seeger reverse depuis longtemps les royalties qu'il reçoit pour sa chanson célèbre des années 1960 inspirée de la Bible:“Turn, Turn, Turn,” au "Israeli Committee Against House Demolitions (ICAHD - Comité Israélien contre les démolitions de Maisons) pour le travail qu'il accomplit pour reconstruire les maisons détruites et pour celui d'information sur les pratiques d'Israël destinées à expulser les Palestiniens de leurs terres pour construire des villages et des villes juives.

Avant la Semaine Annuelle contre l’Apartheid Israélien (SAI), le collectif "la Campagne contre le Mur d’Apartheid", "Stop the Wall", basée à Ramallah, et “It’s Apartheid” ont annoncé en février dernier le palmarès du premier concours international du Court Métrage sur l'Apartheid Israélien. Les courts-métrages primés “Apartheid Road”, “Ali Wall” et “Confronting the Wall” peuvent être visionnés ici itisapartheid.info.

L'histoire d'Ali Al-Jadar est particulièrement touchante; adolescent naïf de seize ans, il avait construit une échelle pour planter le drapeau palestinien au sommet du mur de séparation près de chez lui. Les forces de Défense Israéliennes (IDF) sont venues pendant la nuit, l'ont arrêté et torturé, et condamné à 8 ans de prison, dont il a, heureusement, été libéré au bout de deux ans lors d'un échange de prisonniers. Il fait partie de ces milliers de héros discrets qui inspirent les militants de la SAI dans le monde entier.

A Beyrouth, le militant anti-apartheid sud-africain, Salim Vally apportait son expérience de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud. La militante libanaise Rania Masri décrivait le mouvement de boycott comme étant un moyen de lutte contre le néolibéralisme mondial et local. Leila Khaled, militante palestinienne emblématique du Front populaire de libération de la Palestine , faisait le lien entre les objectifs de la SAI et les révoltes contre les gouvernements du monde arabe, motivées par des luttes sociales pour la justice et l'autodétermination.

Les universités de l'Ontario avaient élaboré ensemble une pétition signée par 140 universitaires demandant le boycott d'entreprises comme BAE Systems, Northrop Grumman, Hewlett Packard et Lockheed, qui fournissent toutes du matériel militaire et/ou informatique qui contribue à la violation des lois internationales par Israël.

Une pièce de théâtre sur la SAI était présentée par des étudiants de la section de l'Arizona de "Jewish Voice for Peace" (JVP) à l'Université de l'Arizona (UA) et le groupe de l'UA de défense des immigrés "No Más Muertes" (NMM – plus jamais de morts) avait construit un pseudo-mur d'apartheid séparant en deux le campus de l'UA à Tucson pendant une semaine, cela afin d'établir un parallèle entre le mur qui se construit entre le Mexique et les Etats-Unis et le mur d’apartheid israélien."Les gens meurent et souffrent à cause des politiques ignobles payées avec l'argent des contribuables américains" dit Gabriel Matthew Schivone, étudiant chicano-juif coordonnateur de JVP.

Plus de 6000 restes humains de Mexicains en quête d'une vie meilleure ont été retrouvés le long de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis au cours de ces vingt dernières années. Nous n'allons pas rester là, à nous croiser les bras et nous taire sur ces souffrances terribles infligées dans les déserts et les villes de la région, ou à 15000 kms de là dans la Palestine occupée par les Israéliens. Notre mur symbolisait notre volonté de mettre fin à l'apartheid dans le monde et de lutter pour un monde où règne véritablement la justice pour tous.

L'an dernier l'Hampshire College du Massachusetts, la première université à avoir boycotté l'Afrique du Sud en 1979, est devenue la première à sanctionner l'occupation israélienne, faisant suite à la Semaine d'Action contre le Racisme de 2008. Comme en Arizona, les étudiants avaient construit un pseudo-mur d'apartheid, distribué aléatoirement des passeports palestiniens et israéliens aux étudiants, et quand ils essayaient de passer de l'autre côté, les militants leur montraient comment ils seraient traités en Israël.
Comme à Toronto, ils ont lancé une campagne appelant à cesser d'investir dans les entreprises qui soutiennent l'apartheid israélien.

En conséquence, Will Delphia débutait l'an dernier comme réalisateur de documentaire avec le court métrage de 30 minutes "To Know is Not Enough" (Savoir ne suffit pas), en utilisant ce qu'avaient filmé des étudiants membres de "Justice in Palestine", des extraits de reportages des médias, et des interviews de personnalités qui sont engagées dans le mouvement vimeo.com/13802936.

L'Université de Johannesburg (l'UJ) allait encore plus loin, devenant ainsi la première université sud-africaine à décider de boycotter une université israélienne, l'université Ben-Gourion.
Le conseil d'université de l'UJ déclarait qu'"il y a des preuves tangibles qu'il existe à l'université Ben-Gourion des départements comme celui de la recherche qui soutiennent l'armée en Israël, en particulier pour ce qui concerne l'occupation de Gaza." L'archevêque Desmond Tutu expliquait: “les Palestiniens ont choisi, comme nous, les luttes non-violentes comme le boycott, le désinvestissement et les sanctions (BDS). Les universités sud-africaines, avec leur propre passé long et complexe à la fois de soutien à l'apartheid et de résistance contre, sont bien placées pour connaître l'importance de ce choix de non-violence”

L'association CAPJPO-EuroPalestine europalestine.com est engagée dans des actions BDS spectaculaires et fréquentes que cherchent à contrer le lobby pro-israélien en Europe et le gouvernement français avec des recours en justice. Ils ont récemment effectué un tour de France de 15 villes étapes, avec 200 militants et ont publié sur leur site le documentaire qu'ils ont réalisé. Ils comptent faire venir des milliers de personnes à Jérusalem-Est et en Cisjordanie entre le 8 et le 16 Juillet pour la "Marche pour la Liberté de Gaza", les Palestiniens recevant leurs amis étrangers BienvenuePalestine.com.

L'action la plus importante en 2011, qui s'inspire du mouvement BDS, et qui marquera le premier anniversaire de l'attaque dramatique d'Israël contre le Mavi Marmara en mai dernier, sera la flottille du "Free Gaza Movement" attendue fin mai, où 12 bateaux transportant un millier de militants pour la paix et une cargaison d'aide humanitaire partiront pour Gaza. L'Ambassadeur d'Israël en Turquie, Gaby Levy, a demandé au gouvernement turc de collaborer pour empêcher les militants de poursuivre leur route, mais il lui a été répondu que la flottille était une "initiative de la société civile". L'Ambassadeur d'Israël à l'ONU, Meron Reuben, a traité les militants de "terroristes" qui "cherchent à devenir des martyrs”. Une de ces “terroristes” est Ann Wright, colonelle en retraite, qui assure: "malgré ces menaces, il n'est pas question de ne pas y aller".

Le courage qu'ont montré les Palestiniens au cours de soixante ans d'occupation violente gagne actuellement ceux et celles dans le monde entier qui ont une conscience. Il semblerait que le siège sera finalement levé en juin, avec la flottille et avec la promesse de l'Egypte d'ouvrir les points de passages pour Gaza, action qui sera suivie de l'arrivée à l'aéroport Ben Gourion en juillet de milliers d'autres militants déterminés à aller embrasser leur frères et sœurs de Palestine.