La troisième conférence annuelle du BDS s’est ouverte le 17 décembre au Centre pour le Bonheur des Enfants de Hébron "pour que la société civile palestinienne intensifie la mise en oeuvre du BDS qui est au coeur de la lutte palestinienne". Le coordinateur européen du BNC* européen a affirmé : "Le BDS est désormais le cadre principal de la solidarité. Nous sommes sur le point de fermer le marché européen à Israël."

Le Boycott a enregistré un énorme succès en janvier quand un étudiant de terminale étasunien juif, Jesse Lieberfeld, a gagné le prix Martin Luther King, Jr de dissertation 2012 du Collège Dietrich** avec un texte dans lequel il parlait de son réveil moral qui lui a fait comprendre que la culture juive américaine s’identifiait irrémédiablement au soutien à Israël.

"J’appartenais autrefois à une religion merveilleuse", a écrit le jeune Jesse. Mais j’entendais sans cesse parler de meurtres de masse, d’attaques contre des installations médicales et autres actions d’une rare violence que je ne comprenais pas. ’Génocide’ semblait presque le terme le plus approprié... Chaque fois que je soulevais la question, on me répondait invariablement que les deux camps étaient fautifs... J’ai été horrifié de me rendre compte que en tant que Juif, j’étais par nature du côté des agresseurs. Je faisais partie des suprémacistes raciaux". Finalement, à la synagogue, il a posé cette question : "Je voudrais soutenir Israël. mais comment puis-je le faire en sachant qu’Israël laisse l’armée commettre tant de crimes ?" et le rabbin lui a répondu : "C’est horrible, n’est-ce pas ? Mais on ne peut rien y faire. C’est comme ça." "Je l’ai remercié ; peu après, je suis parti et je ne suis jamais revenu." Quand de jeunes étasuniens comme Jesse se sentent obligés de renoncer à leur identité juive à cause des crimes israéliens, cela signifie qu’Israël ne va pas tarder à s’effondrer sous le poids de ses crimes accumulés."

2011 a été le témoin d’attaques Internet contre les sites du gouvernement israélien par des membres du BDS à l’esprit civique et déterminés à mettre en place une sorte de "boycott cybernétique". Le gouvernement saoudien est loin de soutenir le BDS mais un hacker saoudien entreprenant a perturbé plusieurs sites israéliens en janvier, ce qui a conduit Yoni, un hacker israélien (qui fait très probablement partie de IDF-TEAM, les hackers de l’armée israélienne qui ont détruit les sites boursiers d’Arabie Saoudite et Abu Dhabi l’année dernière), à menacer de représailles, notamment "en mettant en ligne quantités de numéros de cartes de crédit, et en mettant des sites hors service."

"Yoni" a dit pieusement à Ynet : "Nous ne nous en prenons à aucun pays en particulier mais toute personne qui enfreint nos règles en paiera le prix quelle que soit sa religion, ses croyances et son sexe. Qui plus est, je dois préciser que notre groupe regrette le tort causé aux innocents et essaie d’éviter de leur en faire dans toute la mesure du possible." Si seulement Israël respectait de tels principes moraux dans ses relations avec ses voisins ! Alors il n’aurait pas besoin de rentrer par effraction dans aucun site pour le manipuler ni de voler les numéros de carte de crédit de personne.

Une autre stratégie anti-BDS est déployée par le Moniteur Internet d’ONG pro-israélien, le DPWatchDog et l’Institut Reut israélien qui ont appelé les agences gouvernementales israéliennes à "saboter" et "attaquer" le mouvement de Solidarité avec la Palestine et ont revendiqué les attaques de "représailles" contre le site The Electronic Intifada de la part de Uri Rosenthal le ministre hollandais des Affaires Etrangères, et contre le Centre du Retour en Palestine, ainsi que la persécution de la chaîne Olympia Food Co-op, du Berkeley Daily Planet et de “Irvine 11”. "En 201, nous avons repoussé les attaques visant à déligitimer Israël" grâce au gouvernement israélien et à la "mobilisation des Juifs du monde entier contre l’assaut politique contre Israël" a affirmé Reut, en se félicitant de l’émergence de "notre réseau".

Cette symbiose entre "juif" et "israélien" est le principal atout des adeptes du ’Israël avant tout’ qui dénoncent avec perversité un sentiment anti-juif qui n’existe pas, ce soi-disant "nouvel anti-sémitisme" qui est un résultat direct des crimes d’Israël. Les "raids de représailles" sont généralement associés au terrorisme des colons israéliens, au vandalisme, à la destruction des vergers, à l’incendie des mosquées et au meurtre. Un avocat particulièrement zélé, Andrew Adler, a récemment suggéré dans le Atlanta Jewish Times de mettre le président Obama sur la liste des personnes à assassiner. Le fait que l’Intitut Reut s’associe à des activités criminelles de ce type est un signe supplémentaire de la dérive d’Israël qui devient de plus en plus un Etat paria, nourrissant de ce fait l’indignation de tous les Jesse Lieberfeld du monde "sans distinction de religion, de race ou de sexe."

Les activités du Boycott ne se confinent pas aux produits israéliens exportés ni au tourisme occidental en Israël, elles sont mises en place régulièrement dans les airs, en mer et sur terre par des militants qui encerclent Israël et imaginent sans cesse de nouvelles manières de briser le siège des territoires Occupés.

La Marche Mondiale vers Jérusalem, lors d’une conférence à Beyrouth en janvier, a confirmé que le 30 mars, le 36ième anniversaire du Jour de la Terre Palestinien, "Nous viendrons en foule de tous les continents et nous nous présenterons tous aux frontières entre la Palestine et la Jordanie, l’Egypte, la Syrie et le LIban pour converger vers la Palestine en une marche pacifique."

Le projet "Naviguer de la paix" de militants français et européens progresse et en septembre il y aura une régate de yachts en Méditerranée qui partira de Marseille pour se rendre en Tunisie, Egypte et Gaza. D’autres organisateurs de flottille ont élaboré une nouvelle stratégie qui consiste à faire partir des bateaux isolés de plusieurs ports à la fois à la place d’une large flottille, espérant de la sorte briser effectivement le siège au lieu de seulement attirer l’attention du monde sur le sabotage israélien (et grec et étasunien) des flottilles.

En avril 2012, une Flytilla (une foule de militants en avion ndt) doit arriver à l’aéroport de Ben Gurion pour "s’opposer encore une fois à la politique d’isolement de la Cisjordanie". "Bienvenue en Palestine" est une initiative franco-belge sur le modèle de la Flytilla de juillet dernier qui a vu 500 personnes s’envoler pour Tel Aviv. En dépit du cauchemar qu’ont vécu les militants à la fois dans les aéroports européens et à l’aéroport de Ben Gourion, 125 d’entre eux sont arrivés à destination et cette année les militants ont bien l’intention d’être plus nombreux et de porter de nouveaux coups au chien de garde israélien.

"Les Israéliens ont construit d’énormes prisons pour les Palestiniens. Mais les prisonniers ont droit à des visites" a expliqué Adri Nieuwhof. L’idée s’est répandue en Grande Bretagne où les ville sponsorisent des gens prêts à encourir les foudres israéliennes. Les lignes aériennes européennes se soucient désormais plus de leur image en occident que des autorités israéliennes et les organisateurs estiment qu’il y aura une moins grande collusion avec les israéliens en Europe pour interdire l’embarquement des voyageurs pour Tel Aviv.

Ces militants particulièrement audacieux poursuivent la tradition initiée en 2011 d’un blitzkreig pacifique d’Israël tous azimut, et risquent leur vie et leur intégrité physique pour mettre en oeuvre une sorte de "Boycott citoyen" physique d’Israël qui complète le Boycott spirituel des jeunes comme Jesse. Leurs camarades activistes qui luttent "à la maison" combinent maintenant le physique et le spirituel en organisant la manifestation contre la conférence annuelle du lobby israélien, l’AIPAC, à Washington. Cette année elle s’appellera OCCUPY AIPAC, et aura lieu du 2 au 6 mars. Kalle Lasn, le rédacteur en chef de Adbusters, a déclaré : "Le temps est venu pour le Mouvement Occupy d’exiger la fin de l’Occupation de la Palestine." OCCUPY AIPAC offrira une discrète avant-première de "Feuille de route pour l’Apartheid" dont la narratrice est Alice Walker (roadmaptoapartheid.org).

La persécution contre les militants du BDS prend aussi la forme d’incessants procès. Mais il y a des juges honnêtes. Douze militants français de Boycott 68 ont été acquittés le 15 décembre des charges "d’incitation à la discrimination et à la haine raciale" pour avoir appelé les clients de Carrefour au boycott des produits israéliens. On espère que le jugement rendu par ce tribunal mettra fin aux persécutions judiciaires contre les militants.

L’Union Nationale des Etudiants Britanniques a rejoint la campagne en se désinvestissant des Sources d’Eden et de Veolia le 6 janvier. Veolia a considérablement pâti d’une robuste campagne BDS en Europe l’année dernière à cause de son implication dans la construction du tramway de Jérusalem mais cela ne l’empêche pas d’étendre ses activités en Israël sans se soucier de leur légalité. Des filiales de Veolia possèdent et gèrent Tovlan qui s’occupe des déchets israéliens dans la Vallée du Jourdain Occupée. Pour compenser pour les tonnes d’ordures qu’elle déverse illégalement en terre palestinienne, Tovlan a récemment offert aux Palestiniens trois containers pour ramasser gratuitement les ordures à Jiftlik. Voilà ce qu’en dit Omar Barghouti : "Comme l’a dit Desmond Tutu, nous n’avons pas besoin qu’on fasse briller nos chaînes ; nous voulons les briser. Tout ceci n’est pas seulement humiliant ; c’est raciste et criminel. Faisons dérailler Veolia !

Des sanctions contre Israël —et la levée de celles que cet Etat impose aux Palestiniens— requièrent que les gouvernements s’opposent au puissant lobby sioniste. Peu d’Etats osent le faire, mais les murs qu’Israël a élevés se lézardent de plus en plus. Le premier ministre palestinien, Ismaël Haniya a entrepris en janvier une tournée historique en Egypte, Tunisie, Soudan, Turquie, Qatar et Barhein et il a été accueilli partout comme un David qui résiste au Goliath israélien.

Trois politiciens du Hamas ont aussi quitté Gaza pour participer à une réunion de l’Union Inter-Parlementaire en Suisse en janvier ; c’est la première fois depuis que le Hamas a été démocratiquement élu en 2006. La Suisse n’appartient pas à l’Union Européenne qui a mis le Hamas sur sa liste des organisations terroristes pour faire plaisir à Israël.

"Nous avons aussi rencontré la Croix Rouge à Genève, l’adjoint au maire de Genève et les organisations islamiques de plusieurs canton", a dit Mushir Al-Masri. 500 personnes ont participé à un meeting organisé à l’Université de Genève pour commémorer l’Opération Cast Lead, l’attaque israélienne contre Gaza en décembre 2008. "Tous ceux qui ont été complices des crimes de guerre commis pendant cette attaque devraient être jugés" a dit Al-Masri à la salle bondée. Le membre du parlement socialiste, Carlo Sommaruga, a dit aux participants : "J’ai milité contre le régime d’apartheid en Afrique du Sud Africain. Nous sommes tous responsables. Nous pouvons tous participer aux actions du BDS."

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11753

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Canadian Eric Walberg is known worldwide as a journalist specializing in the Middle East, Central Asia and Russia. A graduate of University of Toronto and Cambridge in economics, he has been writing on East-West relations since the 1980s.

He has lived in both the Soviet Union and Russia, and then Uzbekistan, as a UN adviser, writer, translator and lecturer. Presently a writer for the foremost Cairo newspaper, Al Ahram, he is also a regular contributor to Counterpunch, Dissident Voice, Global Research, Al-Jazeerah and Turkish Weekly, and is a commentator on Voice of the Cape radio.

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